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lors il faut pour construire se procurer des silex provenant du lit d’argile rouge superposée à la craie (résidu de sa dissolution par l’eau de pluie) ou de la craie elle-même.

Non seulement les vers contribuent indirectement à la désagrégation chimique des roches, mais on a des raisons de croire qu’ils agissent également d’une manière directe et mécanique sur les particules les plus petites. Toutes les espèces qui avalent de la terre sont pourvues d’un gésier, et celui-ci est garni d’une membrane chitineuse si épaisse que Perrier en parle comme[1] « d’une véritable armature ». Le gésier est entouré de muscles transverses puissants, à peu près dix fois aussi épais, d’après Claparède, que les muscles longitudinaux ; et Perrier les a vus se contracter énergiquement. Des vers appartenant à un genre particulier, les Digaster, ont deux gésiers distincts, mais tout à fait pareils ; et, dans un autre genre, chez les Monoligaster, le second gésier consiste de quatre poches consécutives, de sorte qu’on pourrait presque dire qu’ils ont cinq gésiers[2]. De la même manière que les gallinacés et les autruches avalent des pierres pour faciliter la trituration de leur nourriture, de même il semble que les vers de terre emploient aussi leur gésier de la sorte.

    vent cette partie modifiée extérieure des silex exposés à l’air libre qu’avec une lenteur excessive, mais jointe à la modification s’opérant vers l’intérieur, la première finira, on peut bien le supposer, par amener leur désagrégation complète, bien qu’ils paraissent si extrêmement durables.

  1. « Archives de Zoolog. expér. », tome III, 1874, p. 409.
  2. « Nouvelles Archives du Muséum », tome VIII. 1872, pp. 95, 131.