Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’arriver à une profondeur quelque peu considérable[1]. Un lit épais du sol superposé arrêtera aussi l’extension vers le bas des grandes fluctuations de la température, et, dans les pays froids, il arrêtera l’action puissante de la gelée. Le libre accès de l’air sera également exclu. Par ces causes diverses, la désagrégation s’arrêterait presque, si la terre superposée venait à augmenter beaucoup d’épaisseur, par suite de ce que peu ou pas de terre serait enlevée à la surface[2]. Dans mon voisinage immédiat, nous avons une preuve curieuse de l’influence de quelques pieds d’argile pour arrêter les modifications que subissent les silex, quand ils sont à ciel ouvert ; les silex de grande taille qui ont reposé quelque temps à la surface des champs labourés ne peuvent, en effet, être employés pour construire ; ils ne se fendent pas convenablement, et les ouvriers disent d’eux qu’ils sont pourris[3]. Dès

  1. Cette indication est empruntée à M. Julien « Proc. American Assoc. Science, vol. XXVIII, 1879, p. 330.
  2. Le pouvoir de préservation d’une assise de terre végétale et de gazon est souvent montré par l’état de conservation parfaite des raies laissées par la glace sur les rocs, comme on l’a vu quand on les a mis à nu pour la première fois. M. J. Geikie soutient, dans l’ouvrage si intéressant qu’il a publié en dernier lieu (Prehistoric Europe, 1881) que les raies les mieux conservées sont probablement dues au dernier accès du froid et à l’augmentation de la glace, pendant la longue période glaciale avec ses intermittences.
  3. Bien des géologues ont été très surpris de la disparition complète des silex sur de vastes étendues de terrain presque horizontales, dont la craie avait été enlevée par la dénudation sub-aérienne, mais la surface de chaque silex est revêtue d’une couche opaque modifiée qui se laisse jusque rayer par une pointe d’acier, tandis que la surface nouvellement fracturée translucide n’est pas entamée de la sorte. Sans doute les agents atmosphériques n’enlè-