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testins des vers pendant l’acte de la digestion ; il faut bien penser que la masse entière de la terre végétale sur chaque champ passe par leur canal alimentaire dans le cours d’un petit nombre d’années. En outre, les anciennes galeries s’écroulant lentement et les déjections nouvelles étant sans cesse apportées à la surface, l’assise superficielle de terre végétale est l’objet, dans son ensemble, d’un lent mouvement de circulation ; la friction des particules entre elles détachera les pellicules les plus fines de matières désagrégées, dès qu’elles se forment. De ces différentes manières, des fragments minimes de roches de beaucoup d’espèces et de simples particules dans le sol seront continuellement soumis à une décomposition chimique, et le montant du sol tendra ainsi à s’augmenter.

Les vers garnissent de leurs déjections l’intérieur de leurs galeries, et ces galeries pénétrant jusqu’à une profondeur de 5 à 6 pieds ou même davantage, une petite quantité des acides de l’humus sera transportée très bas et agira là sur des roches et fragments de roches sous-jacents. Ainsi, l’épaisseur du sol tendra d’une façon constante, bien que lente, à augmenter, si rien n’est enlevé à la surface ; mais, après un certain temps, l’accumulation retardera la désagrégation des roches sous-jacentes et des particules gisant plus profondément. Car, les acides de l’humus, qui se forment en majeure partie dans l’assise supérieure de la terre végétale, sont extrêmement instables, et sujets à se décomposer avant