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tribuent un peu à la formation de ces derniers acides, car M. le Dr Johnson me communique que le réactif de Nessler lui a fait trouver 0,018 pour cent d’ammoniaque dans leurs déjections.

Les différents acides de l’humus qui paraissent, comme nous venons de le voir, se développer à l’intérieur du corps des vers pendant l’acte de la digestion, jouent, ainsi que leurs sels alcalins, un rôle fort important dans la désagrégation de diverses espèces de roches ; c’est ce que nous ont appris les récentes observations de M. Julien. On savait depuis longtemps que l’acide carbonique et sans doute aussi les acides nitrique et nitreux qui se trouvent dans l’eau de pluie, agissent de la même manière. Il y a aussi dans tous les sols et surtout dans les sols riches, un grand excès d’acide carbonique, et il est dissous par l’eau qui se trouve dans le sol. Sachs et autres nous ont d’ailleurs montré que les racines vivantes des plantes corrodent des plaques de marbre de dolomite et de phosphate de chaux, et y laissent leurs empreintes. Elles attaquent même le basalte et le grès[1]. Mais nous n’avons pas affaire ici aux influences qui s’exercent tout à fait indépendamment de l’action des vers.

La combinaison d’un acide quelconque avec une base est beaucoup facilitée par l’agitation des matières, par suite du changement continuel des surfaces en contact. C’est ce qui est opéré d’une façon radicale pour les particules de pierre et de terre dans les in-

  1. Pour des renseignements à cet égard, consulter S. W. Johnson, « De la manière dont les céréales se nourrissent », 1870, p. 326.