Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mainte et mainte fois par leur corps. Cette terre ne diffère, en apparence, du sous-sol que par sa couleur foncée et par l’absence de fragments ou particules de pierre (quand il y en a dans le sous-sol), plus grands que ceux qui peuvent passer par le canal alimentaire d’un ver. Cette sorte de tamisage des matériaux du sol est aussi, comme nous l’avons déjà remarqué, en partie, l’œuvre de différentes sortes d’animaux fouisseurs et principalement des fourmis. Dans des pays où l’été est long et sec, la terre, dans les endroits bien protégés, doit s’augmenter rapidement par la poussière qu’y apporte le vent d’autres places plus exposées. Par exemple, la quantité de poussière disséminée parfois sur les plaines de La Plata, où il n’y a pas de roches fermes, est si grande que pendant le « gran seco », de 1827 à 1830, l’apparence du sol, qui est ici dépourvu de clôtures, changea si complètement que les habitants ne pouvaient plus reconnaître les limites de leurs propriétés, et il en résulta des procès sans fin. De même, d’immenses quantités de poussière sont éparpillées sur la surface de l’Égypte et du Midi de la France. En Chine, des couches ayant l’apparence de sédiments fins, épaisses de plusieurs centaines de pieds et s’étendant sur une surface énorme, doivent, comme le prétend encore Richthofen, leur origine à la poussière apportée des plateaux de l’Asie centrale[1].

  1. « Pour la Plata », consulter mon Journal des recherches pendant le voyage du Beagle, 1845, p. 133. Élie de Beaumont a donné (Leçons de géologie pratique, tome I, 1845. p. 123) une étude excellente sur l’énorme quantité de poussière transportée dans certains pays. Je ne puis m’empêcher de penser que M. Proctor a