Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ceux relatifs à la dénudation. Il y a déjà longtemps qu’on avait vu que la dénudation a dû s’opérer sur une échelle immense ; mais ce n’est que lorsqu’on eut figuré et mesuré soigneusement les formations successives, que l’on put se faire une idée exacte de toute son étendue. L’un des premiers mémoires publiés à ce sujet, et en même temps l’un des plus remarquables, est celui de Ramsay[1] qui montra, en 1846, qu’en Galles, de 9,000 à 11,000 pieds d’épaisseur de roche solide ont été enlevés sur de grandes étendues de pays. L’exemple le plus simple peut-être de grandes dénudations nous est fourni par des failles ou crevasses qui s’étendent sur un grand nombre de milles à travers certaines régions, les assises stratifiées étant d’un côté soulevées jusqu’à 10,000 pieds au-dessus des assises correspondantes du côté opposé ; et cependant l’œil ne découvre pas trace de ce déplacement gigantesque à la surface du sol. Une énorme masse de roche a été aplanie d’un côté, sans qu’il en subsiste un reste.

Jusque dans les 20 à 30 dernières années, la plupart des géologues pensaient que les vagues de la mer étaient les agents principaux dans l’acte de la dénudation, mais nous pouvons être sûrs aujourd’hui que l’air et la pluie, aidés par les fleuves et les rivières, sont des agents beaucoup plus puissants, — pourvu que nous considérions la surface entière du pays. Autrefois, on regardait comme indubitable que les longues lignes escarpées qui s’étendent à travers plu-

  1. « De la dénudation de la Galles du sud, etc. » Memoirs of the Geological Survey of Great Britain. vol. 1, p. 297, 1846.