Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

livres : L’Origine des espèces et la Variation des animaux et des plantes sous l’action de la domestication.

Aussi quelle activité dans les recherches paléontologiques, quelle marche sûre et précise dans les déterminations des affinités des espèces éteintes ! Cuvier lui-même eût-il pu soupçonner que cinquante ans à peine après sa mort, on aurait déjà trouvé presque tous les chaînons qui unissent les Oiseaux aux Reptiles, relié à un type commun les Pachydermes, les Porcins et les Ruminants, établi des passages entre les Pachydermes eux-mêmes et les Lémuriens, dressé la généalogie du Cheval et montré les liens étroits qui ont existé jadis entre les formes aujourd’hui si différentes de nos Carnassiers ?

Une notion exacte et scientifique de la place de l’Homme dans la nature devait se dégager de ces prémisses. À déterminer cette place, Darwin a consacré deux nouveaux ouvrages : La Descendance de l’homme et l’Expression des émotions chez les animaux. En publiant ces ouvrages, on pouvait craindre de blesser bien des convictions ; il a fallu que l’autorité acquise par leur auteur fût bien grande pour remettre à l’ordre du jour cette question des origines animales de l’homme ! Comment se résigner à abandonner les légendes qui faisaient de l’homme un dieu ? Comment consentir à faire descendre au rang des mythes ces traditions gracieuses ou terribles, qui nous peignent la naissance de l’homme, ses premiers pas dans la vie ? Quelle épouvantable secousse pour l’édifice des croyances diverses, chères à l’humanité ! L’homme cessant d’être une émanation immédiate du Créateur — Darwin s’incline, en effet, devant l’existence d’une Intelligence suprême — par quoi remplacer cette révélation directe qui, dans tous les pays, civilisés ou non, a donné aux règles de la morale une autorité que ne semblaient pouvoir posséder les institutions humai-