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pour nous instructives, car toutes sont la conséquence de cette puissance d’expansion que possèdent toutes les productions de la vie, quelles qu’elles soient.

Chaque type adapté à des conditions d’existence particulières, fait pour ainsi dire par ces conditions, n’en demeure pas moins variable, plastique dans une certaine mesure, et tend sans cesse, par suite de la multiplication des individus qui le représentent, à se plier à des conditions d’existence nouvelles, auxquelles les adapte bientôt la sélection naturelle ; en vertu de l’hérédité, les individus qui, sous l’empire de ces conditions nouvelles, se modifient, gardent l’empreinte ou, si l’on veut, les traits essentiels du type qu’ils doivent aux conditions d’existence primitives, et ce sont de simples changements dans le détail de leur structure qui leur permettent un nouveau genre de vie. C’est à ces changements dans le détail qu’on réserve le plus ordinairement le nom d’adaptations, oubliant trop que les caractères typiques, les caractères hérités qui semblent les plus indépendants des conditions actuelles d’existence, sont dus aussi à une adaptation antérieure dont les effets ont été transmis, d’ancêtres plus ou moins éloignés, à leur descendance. Les animaux allant sans cesse en se diversifiant et en s’adaptant à un genre de vie de plus en plus spécial, les caractères dus aux adaptations les plus anciennes se trouvent être en même temps les plus répandus puisqu’ils sont communs à tous les êtres qui ont les mêmes ancêtres et que ces êtres sont d’autant plus nombreux que les parents communs sont eux-mêmes plus éloignés. Or c’est précisément le degré de généralité d’un caractère qui lui donne sa valeur méthodique, les caractères les plus généraux sont ceux des divisions les plus élevées, ceux que Cuvier appelait dominateurs. L’ordre de subordination des caractères n’est donc que leur ordre d’ancienneté ; ces carac-