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des sillons ; ces pointes sont, croit M. Blakeway, antiquaire de l’endroit, des restes provenant de la bataille de Shrewsbury, en 1403, et il n’y a pas de doute qu’elles aient été à l’origine, laissées disséminées sur le champ de bataille. Dans ce chapitre-ci, je vais montrer que non-seulement des instruments, mais que les parquets et les restes d’un grand nombre de monuments anciens de l’Angleterre ont été si bien enfouis, en grande partie par l’action des vers, qu’ils n’ont été découverts récemment que par diverses circonstances accidentelles. Il ne s’agit pas ici des lits énormes de décombres, de plusieurs toises d’épaisseur, qui gisent au-dessous de beaucoup de grandes villes, comme Rome, Paris et Londres, et dont les assises inférieures remontent à une haute antiquité ; car ces lits n’ont en aucune façon été influencés par les vers. Si nous considérons combien de matériaux il entre chaque jour dans une grande ville pour la construction des édifices, le chauffage, l’habillement et le ravitaillement, et combien était, comparativement minime, la quantité qui en sortait, dans les temps anciens, quand les chemins étaient mauvais et que le nettoyage des rues était négligé ; nous serons bien d’accord avec Élie de Beaumont, quand il dit en discutant le sujet : « Pour une voiture de matériaux qui en sort, on y en fait entrer cent[1]. » Nous ne devons pas non plus oublier l’effet des feux entretenus, la démolition de vieux bâtiments et le transport des décombres à l’endroit libre le plus voisin.

  1. Leçons de Géologie pratique, 1845. p. 142.