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êtres vivants avec lesquels ils se trouvent sans cesse en contact. Admettre que les formes animales peuvent varier, c’est donc admettre qu’elles s’harmonisent de plus en plus avec tout ce qui existe autour d’elles, et, comme les individus se multiplient indéfiniment, comme il en résulte pour la vie une puissance d’expansion pour ainsi dire sans limite, c’est admettre qu’il n’y a point de condition où elle soit possible et à laquelle quelque organisme, grand ou petit, simple ou complexe, ne se soit plié. Ainsi s’expliquent d’un seul coup, grâce à l’idée féconde de Darwin, et la multiplicité des formes vivantes et leur mode de succession à la surface du globe et ces rapports merveilleux, presque providentiels, avec tout ce qui les entoure, rapports qui ont fourni les plus puissants arguments à la doctrine des Causes finales.

À cette doctrine se substitue désormais une philosophie plus haute, plus large, une conception du monde vivant qui n’étonne plus que par sa majestueuse simplicité. Chaque adaptation d’un être vivant à un mode d’existence déterminé n’est plus seulement une merveille à admirer, c’est un problème à résoudre. Il s’agit de savoir comment elle a été réalisée et c’est le charme de ces livres si remplis de faits sur la Fécondation des Orchidées, sur les Formes des Fleurs, sur les Effets de la Fécondation directe ou croisée dans le Règne végétal, sur les Plantes carnivores, les Habitudes des Plantes grimpantes, enfin sur la Faculté motrice dans les Plantes, que de nous montrer comment les adaptations les plus étonnantes peuvent toujours être ramenées à quelque propriété générale ou à quelque accident fréquent qui a été admirablement utilisé dans certains cas, mais semble, dans un grand nombre d’autres, n’avoir été l’objet que de tâtonnements à demi fructueux de la part de la nature.

L’étude des adaptations devient donc entre les mains