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déposées pendant une forte pluie ou peu de temps après, celle-ci emporte avec elle une grande partie de la terre la plus fine. De petits morceaux adhéraient aussi aux brins d’herbe environnants et il eût fallu trop de temps pour détacher chacun d’eux. Sur un sol sablonneux, comme dans le cas actuel, les déjections sont sujettes à s’ébouler après la sécheresse, et c’est ainsi que souvent il s’en perd de petites portions. Il arriva aussi qu’à l’occasion la dame s’absente de chez elle une semaine ou deux et alors les déjections ont dû perdre encore davantage par l’exposition aux actions atmosphériques. Ces pertes furent d’ailleurs compensées jusqu’à un certain point parce que, sur un des carrés, on recueillit les matières rejetées 4 jours de plus qu’un an, et sur l’autre, 2 jours de plus que cette période.

Le 9 octobre 1870, on choisit un espace sur une large terrasse gazonnée qui avait été fauchée et balayée pendant nombre d’années. Elle regardait vers le sud, mais était ombragée pendant une partie du jour par des arbres. Elle avait été formée au moins un siècle auparavant par une grande accumulation de fragments de grès grands et petits, avec un peu de terre sablonneuse tassée et nivelée. Il est probable qu’elle fut tout d’abord protégée par un revêtement de gazon. À en juger par le nombre de déjections qui s’y trouvaient, cette terrasse n’était guère favorable à l’existence des vers, en comparaison des champs voisins et d’une autre terrasse située plus haut. Il y avait vraiment lieu de s’étonner de voir que tant de vers pussent y vivre ; car en creu-