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abandonnées sur un champ de M. Miller[1], dans l’espérance d’en faire du vinaigre ; mais il se trouva que le vinaigre était mauvais aussi, et on vida les barriques. Il m’aurait fallu dire, tout d’abord, que l’acide acétique est, pour les vers, un poison tellement mortel, que M. Perrier a trouvé qu’une baguette de verre trempée dans cet acide et ensuite dans une quantité considérable d’eau, où des vers étaient submergés, amena invariablement leur mort en peu d’instants. Le lendemain du jour où les barriques avaient été vidées, « les tas de vers qui gisaient morts sur le sol étaient si prodigieux, que, si M. Miller ne les avait pas vus, il n’aurait pu croire à la possibilité de leur existence en tel nombre dans cet espace. » Une autre preuve du grand nombre des vers qui vivent dans le sol, est aussi donnée par Hensen ; dans un jardin, il trouva, dans un espace de 14 1/2 pieds carrés, 64 galeries ouvertes, c’est-à-dire 9 par deux pieds carrés. Mais, quelquefois les galeries sont beaucoup plus nombreuses, car, en creusant dans une prairie près de Maer Hall, j’ai trouvé une plaque de terre sèche, large comme mes deux mains ouvertes, et elle était traversée par 7 galeries de la largeur d’une plume d’oie.

Poids de la terre rejetée par une seule galerie, et par toutes les galeries dans un espace donné. — Quant aux poids de la terre rejetée journellement par les vers, Hensen a trouvé qu’il s’élevait, dans les cas de quelques vers tenus par lui renfermés et nourris,

  1. Consulter la note de M. Daucer dans Proc. Phil. Soc. of Manchester, 1877, p. 248.