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Affaissement des pierres de grande taille par l’action des vers. — Quand une pierre de grande taille et de forme régulière est laissée à la surface du sol, elle repose naturellement sur les parties les plus saillantes ; mais bientôt après les vers comblent de leurs déjections tous les creux laissés à la face inférieure ; car, comme le remarque Hensen, ils aiment l’abri des pierres. Aussitôt que les creux sont comblés, les vers rejettent en dehors de la circonférence des pierres la terre qu’ils ont avalée, et c’est ainsi que la surface du sol s’élève tout autour de la pierre. Les galeries creusées directement au-dessous d’une pierre s’écroulant avec le temps, celle-ci s’affaisse un peu[1]. De là vient que des galets qui, à une époque ancienne quelconque ont roulé du haut d’une montagne rocheuse ou d’une falaise dans une prairie située à la base, sont toujours quelque peu enfoncés dans le sol quand on les enlève, ils laissent dans la terre fine sous-jacente une empreinte exacte de leur surface inférieure. Mais, si un galet a des dimensions telles que la terre au-dessous reste sèche, cette terre ne sera pas habitée par des vers et le galet ne s’affaissera pas dans le sol.

Un four à chaux se trouvait autrefois dans une prairie près de Leith Hill Place en Surrey ; il avait été

  1. Cette conclusion est, comme nous allons le voir tout de suite, pleinement justifiée, et elle a son importance, car, les pierres de repère, comme on dit, que les géomètres plantent en terre pour marquer leurs niveaux d’une manière authentique, peuvent, avec le temps donner de fausses indications. Mon fils Horace a l’intention de déterminer quelque jour jusqu’à quel point cela a lieu.