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le professeur J. von Haast a décrit[1] une coupe de terrain près du bord de la mer, « consistant en micaschiste recouverte de 5 à 6 pieds de loess, au-dessus desquels s’étaient accumulés environ 12 pouces de terre végétale. Entre le loess et la terre végétale, se trouvait une couche épaisse de 3 à 6 pouces, de noyaux, d’instruments d’écailles et d’éclats, tous fabriqués à l’aide d’une roche basaltique dure. » Ainsi, il est probable que les aborigènes d’une époque antérieure quelconque avaient laissé à la surface ces objets, que les vers recouvrirent ensuite lentement de leurs déjections.

En Angleterre, les fermiers savent parfaitement que toutes sortes d’objets laissés à la surface des pâturages disparaissent après un certain temps, ou, d’après ce qu’ils disent, s’enfoncent eux-mêmes. Ils ne se seront probablement jamais demandé comment de la chaux en poudre, des cendres et des pierres lourdes peuvent s’enfoncer elles-mêmes, et avec la même vitesse, à travers le tapis de racines d’une surface gazonnée[2].

  1. Frans. of the New-Zealand Institute, vol. XII, 1880, p. 152.
  2. M. Lindsay Carnagie remarque dans une lettre (juin 1838), à sir Charles Lyell, que les fermiers écossais n’osent pas mettre de la chaux sur des champs labourés, sinon immédiatement avant de les préparer à servir de pâturage, parce qu’ils croient qu’il y a alors tendance à affaissement. Il ajoute : « Il y a quelques années, je mis en automne de la chaux sur un champ d’avoine, après la fauche, et le labourai pour l’enterrer ; elle se trouva ainsi en contact immédiat avec la matière végétale en décomposition, et devait nécessairement s’y mêler intimement par toutes les opérations ultérieures de la culture. En conséquence du préjugé mentionné plus haut, on me regarda comme ayant commis une grande faute, mais le résultat fut un brillant succès, et mon exemple fut suivi avec prédilection. Je pense que, grâce aux observations de M. Darwin, le préjugé disparaîtra. »