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que de 0,083 d’un pouce par an (donc, un pouce à peu près en 12 ans), mais la vitesse aura été bien moindre au commencement, augmentant considérablement plus tard.

La transformation qui s’était opérée sous mes yeux, dans l’apparence de ce champ, fut rendue plus tard d’autant plus frappante quand j’examinai, dans Knole Park, une forêt épaisse de grands hêtres, au-dessous desquels rien ne poussait. En cet endroit, le sol était couvert de grandes pierres nues, éparpillées de tous côtés, et, quant aux déjections, il n’y en avait guère. Quelques irrégularités à la surface et des lignes difficiles à poursuivre, indiquaient que le sol avait été cultivé quelques siècles auparavant. Il est probable qu’un bois bien épais de jeunes hêtres avait grandi si rapidement que les vers n’eurent pas le temps de recouvrir les pierres de leurs déjections, avant que l’emplacement ne devint impropre à leur existence. En tous cas, le contraste entre l’état du champ bien peuplé de vers, auquel l’appellation de champ pierreux ne convenait plus, et l’état actuel du sol au-dessous des vieux hêtres de Knole Park, où il n’y avait pas de trace de vers, était frappant.

Un sentier étroit, conduisant à une partie de ma prairie, fut pavé, en 1843, de petites dalles placées de côté en bordures ; mais il y eut beaucoup de déjections et l’herbe poussa ses touffes parmi les pierres. Pendant plusieurs années, on arracha les mauvaises herbes et l’on balaya le sentier ; mais, à la fin du compte, vers et herbes prévalurent, le jardinier cessa