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sec, et il s’adapte exactement au corps du ver. Les petites soies recourbées, qui font saillie en rangée des deux côtés du corps, ont ainsi d’excellents points d’appui ; et la galerie est bien disposée pour que l’animal puisse s’y mouvoir avec rapidité. Le revêtement paraît aussi renforcer les parois, et peut-être préserve-t-il le corps du ver d’être écorché. Je pense cela, parce que plusieurs galeries qui traversaient une couche de cendres de charbon passées au tamis, et semées sur de la tourbe jusqu’à une épaisseur d’un pouce et demi, avaient reçu un tel revêtement d’une épaisseur extraordinaire. Dans ce cas, à en juger d’après les déjections, les vers avaient refoulé les cendres de tous les côtés et n’en avaient pas avalé du tout. Dans un autre endroit, des galeries garnies d’un revêtement analogue, traversaient une couche de cendres grossières de charbon de 3 pouces et demi d’épaisseur. Nous voyons par là que les galeries ne sont pas de simples excavations, mais qu’on peut plutôt les comparer à des tunnels à revêtement de ciment.

Les ouvertures de la galerie sont en outre souvent garnies de feuilles ; et c’est là un instinct différent de celui qui leur en fait boucher les ouvertures, et il ne paraît pas avoir été noté jusqu’ici. On donna à des vers tenus confinés dans deux pots un grand nombre de feuilles du pin sauvage (Pinus sylvestris) ; quand, plusieurs semaines après, on examina la terre avec soin, on trouva la partie supérieure de trois galeries obliques entourée de feuilles de pin sur les longueurs respectives de 7, 4 et 3 ½ pouces, et avec cela des fragments