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Or, nous avons vu que les vers dévorent avidement la viande crue, la graisse et les vers morts ; la terre végétale ordinaire ne peut guère manquer de contenir beaucoup d’œufs, de larves, et de petits êtres vivants ou morts, des spores de plantes cryptogames, et des micrococcus tels que ceux qui produisent le salpêtre. Ces divers organismes avec un peu de cellulose provenant de feuilles et des racines qui ne sont pas tout à fait décomposées suffisent à expliquer que les vers avalent de si grandes quantités de terre végétale. Cela vaudrait la peine de rappeler ici le fait que certaines espèces d’Utricularia, qui poussent dans les endroits humides des régions tropicales, possèdent des vésicules admirablement construites pour attraper de petits animaux sous le sol ; et ces trappes ne seraient pas développées, si beaucoup de petits animaux n’habitaient un tel sol.

Profondeur à laquelle pénètrent les vers ; construction de leurs galeries. — Bien que, d’ordinaire, les vers vivent près de la surface, ils creusent jusqu’à une profondeur considérable pendant une sécheresse ou un froid rigoureux longtemps prolongés. Les galeries s’étendent, dans la péninsule Scandinave, d’après Eisen, et en Écosse, d’après M. Lindsay Carnagie, jusqu’à une profondeur de 7 à 8 pieds ; de 6 à 8 pieds dans le nord de l’Allemagne, d’après Hoffmeister, mais Hensen dit de 3 à 6 pieds. Ce dernier observateur a vu des vers gelés à une profondeur de 1½ pied au-dessous de la surface. Je n’ai pas eu moi-même l’occasion de faire beaucoup d’observations à cet égard, mais j’ai