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teur dépasse quelquefois 3 pouces et atteint souvent deux pouces et demi. La plus grande de celles mesurées avait 3,8 pouces de hauteur et 1 pouce de diamètre. Un mince passage cylindrique court de bas en haut au centre de chaque tour, et c’est par là que le ver monte pour rejeter la terre qu’il a avalée, et ajouter ainsi à la hauteur de l’édifice. Une construction de ce genre ne permettrait guère d’introduire facilement dans les galeries, des feuilles amenées du sol des environs ; et M. le Dr King, qui y regarda avec soin, ne découvrit jamais un seul fragment de feuille introduite ainsi. Il ne put pas davantage découvrir la moindre trace de vers qui eussent descendu à la surface extérieure des tours à la recherche des feuilles ; et s’ils l’avaient fait, il en serait presque certainement resté des traces à la partie supérieure, pendant que la déjection était encore molle. Il ne s’ensuit pas, cependant, que ces vers ne traînent pas dans leurs galeries des feuilles pendant quelque autre saison de l’année, quand ils ne construisent pas leurs tours.

D’après les différents cas précédents, il est à peine possible de douter que les vers n’avalent la terre, non seulement pour creuser leurs galeries, mais pour se procurer de la nourriture. Cependant Hensen conclut de ses analyses d’humus que probablement les vers ne pourraient pas vivre de terre végétale ordinaire, bien qu’il admette qu’ils peuvent se nourrir jusqu’à un certain degré de terre végétale provenant de feuilles[1].

  1. Zeitschrift für wissenschaft. Zoolog. Vol. XXVIII. 1877, p. 364.