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tandis que l’excrément tout entier pesait 33 grains. Toutes les fois qu’un ver fait une galerie d’une profondeur de quelques pieds dans un sol compacte qui n’a pas été remué, il faut qu’il se fasse un passage en avalant la terre ; car il est incroyable que le sol cède de tous les côtés à la pression du pharynx projeté en avant au-dedans du corps du ver.

Ce qui me paraît certain, c’est que les vers avalent plus de terre pour en extraire une matière nutritive quelconque, que pour faire leurs galeries. Mais cette ancienne croyance ayant été attaquée par une autorité scientifique telle que Claparède, je m’étendrai sur les témoignages qui parlent en sa faveur. A priori cette croyance n’a rien d’improbable, car à part d’autres annélides, spécialement l’Arenicola maritima, qui dépose une si grande quantité d’excréments sur les sables de nos côtes visités par la marée et qui, croit-on, vit de ce sable, il y a encore des animaux appartenant aux classes les plus différentes qui ne font pas de galeries, mais ont l’habitude d’avaler de grandes quantités de sable, notamment un mollusque, l’Onchidium et beaucoup d’Échinodermes[1].

Si la terre était avalée seulement quand les vers approfondissent leurs galeries ou en creusent de nouvelles, les déjections ne seraient qu’accidentelles ; mais, en bien des endroits, on peut voir chaque matin des déjections fraîches, et le poids de terre rejetée

  1. Je donne cette indication sur la foi de Semper : Reisen im Archipel der Philippinen. (Voyages à l’archipel des Philippines), 2e partie, 1877, p. 80.