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mine la façon dont les objets sont introduits dans les galeries, et que l’existence d’instincts spéciaux pour chaque cas particulier ne saurait être admise, la supposition qui se présente tout d’abord et le plus naturellement est que les vers essaient de toutes les méthodes jusqu’à ce qu’ils finissent par réussir ; mais beaucoup de phénomènes s’opposent à une telle supposition. Il ne reste qu’une solution possible, à savoir que les vers, bien que placés très bas dans l’échelle des êtres organisés, possèdent un certain degré d’intelligence. Cela frappera tout le monde comme étant très peu probable ; mais il est permis de douter que nous sachions assez sur le système nerveux des animaux inférieurs, pour justifier la défiance que nous inspire de prime abord une telle conclusion. Pour ce qui est des petites dimensions des ganglions cérébraux, nous devrions nous rappeler quelle masse de connaissances héréditaires se trouve dans le petit cerveau d’une fourmi ouvrière en même temps qu’un certain pouvoir d’adapter les moyens à la fin.

Moyens par lesquels les vers creusent leurs galeries. — Cela s’opère de deux façons : en repoussant la terre de tous les côtés et en l’avalant. Dans le premier cas, le ver fixe dans quelque petite crevasse ou dans un trou l’extrémité antérieure étendue et amincie de son corps ; et alors, comme le fait observer Perrier[1], le pharynx est projeté dans cette partie qui par suite se gonfle et refoule la terre de toutes parts. L’extrémité antérieure sert ainsi de coin. Elle sert aussi,

  1. Archives de Zoolog. expér. tome III, 1874, p. 605.