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pas de cours d’eau à barrer, et il en est de même dans beaucoup d’autres cas.

M. Romanes, qui a fait une étude spéciale des facultés mentales chez les animaux, croit que l’on ne peut conclure avec sûreté à l’intelligence que quand on voit un individu profiter de sa propre expérience. Soumis à cette épreuve, le serpent à lunettes montra quelque intelligence, mais la chose eût été beaucoup plus claire, si dans une seconde occasion il avait retiré d’un trou un crapaud par la patte. Le sphex échoua d’une façon signalée à cet égard. Maintenant, si les vers essaient d’abord d’une manière, puis d’une autre, d’introduire des objets dans leurs galeries, jusqu’à ce qu’ils finissent par y réussir, ils profitent de l’expérience, au moins dans chaque cas particulier.

Mais on a signalé des observations montrant que les vers n’essaient pas habituellement de beaucoup de manières différentes d’introduire les objets dans leurs galeries. C’est ainsi que des feuilles à moitié décomposées de tilleul auraient pu, en raison de leur flexibilité, être introduites par leur portion médiane ou par la basilaire, et elles le furent en nombre considérable ; mais la grande majorité fut saisie par le sommet ou près de là. Les pétioles de clématite auraient certainement pu être introduits avec autant de facilité par la base que par le sommet ; mais trois fois, et en certains cas, cinq fois autant furent introduits par le sommet que par la base. On pourrait penser que les pétioles des feuilles auraient tenté les vers comme étant un manche commode ; mais pourtant ils ne furent pas