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REMARQUES FINALES.

à celles d’une Graminée. Dans une autre espèce, le L. aphaca, la vrille qui est peu développée (car elle n’est pas ramifiée et n’a pas la faculté de s’enrouler spontanément) remplace les feuilles, ces dernières étant suppléées dans leurs fonctions par de grandes stipules. Supposons maintenant que les vrilles du L. aphaca deviennent aplaties et foliacées, comme les petites vrilles rudimentaires du haricot, et que les grandes stipules soient réduites en même temps de dimension, parce qu’elles ne sont plus nécessaires, nous aurions exactement la contre-partie du L. nissolia et nous comprenons de suite la nature de ses curieuses feuilles.

Ajoutons, pour résumer les idées qui précèdent sur l’origine des plantes pourvues de vrilles, que le L. nissolia descend probablement d’une plante primordiale volubile, puis celle-ci est devenue une plante grimpant à l’aide des feuilles, les feuilles se sont ensuite converties graduellement en vrilles, avec les stipules notablement augmentées de dimension par suite de la loi de balancement[1]. Après un certain temps les vrilles ont perdu leurs ramifications et sont devenues simples, et leur faculté d’enroulement s’est éteinte. Cet état est celui des

  1. Moquin-Tandon (Éléments de Tératologie, 1841, p. 156) cite l’exemple d’un haricot monstrueux dans lequel un fait de balancement de cette nature s’effectua rapidement ; car les feuilles disparurent complétement et les stipules devinrent énormes.