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REMARQUES FINALES.

portent des vrilles, mais le haricot est assez rigide pour supporter sa propre tige et, dans cette espèce, à l’extrémité du pétiole où, d’après l’analogie, une vrille aurait dû exister, on voit poindre un petit filament aigu, long d’un tiers de pouce (8mm,3) environ et qui est probablement le rudiment d’une vrille. Cela est d’autant plus probable que l’on observe parfois des rudiments semblables sur d’autres plantes à vrilles lorsqu’elles sont jeunes ou mal portantes. Dans le haricot ces filaments ont une forme variable, comme c’est fréquemment le cas pour les organes rudimentaires ; ils sont cylindriques ou foliaires, ou bien profondément sillonnés à la surface supérieure, et n’ont conservé aucun vestige de la faculté d’enroulement. C’est un fait curieux que beaucoup de ces filaments, quand ils sont foliacés, ont à leur surface inférieure des glandes d’une couleur foncée, comme celles des stipules ; elles excrètent un liquide sucré ; en sorte que ces filaments n’ont qu’une bien faible utilité.

Un autre cas analogue, quoique hypothétique, mérite d’être cité. Presque toutes les espèces de Lathyrus possèdent des vrilles ; mais le L. nissolia en est dépourvu. Cette plante a des feuilles qui doivent avoir frappé de surprise quiconque les a observées, car elles diffèrent entièrement de celles de toutes les Papilionacées ordinaires, et ressemblent