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CHAPITRE XX


CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES CHEZ L’HOMME (SUITE)


Sur les effets de la sélection continue des femmes d’après un type de beauté différent pour chaque race. — Causes qui, chez les nations civilisées et chez les sauvages, interviennent dans la sélection sexuelle. — Conditions favorables à celle-ci pendant les temps primitifs. — Mode d’action de la sélection sexuelle dans l’espèce humaine. — Sur la possibilité qu’ont les femmes de choisir leurs maris dans les tribus sauvages. — Absence de poils sur le corps, et le développement de la barbe. — Couleur de la peau. — Résumé.


Nous venons de voir, dans le chapitre précédent, que toutes les races barbares apprécient hautement les ornements, les vêtements et l’apparence extérieure, et que les hommes apprécient la beauté des femmes en se plaçant à des points de vue très-différents. Nous avons maintenant à rechercher si cette préférence pour les femmes que les hommes, dans chaque race, considèrent comme les plus attrayantes, et la sélection continue qui en a été la conséquence, pendant de nombreuses générations, ont modifié les caractères des femmes seules, ou ceux des deux sexes. La règle générale chez les mammifères paraît être l’égale hérédité des caractères de tous genres par les mâles et par les femelles ; nous sommes donc autorisés à penser que, dans l’espèce humaine, tous les caractères acquis par les femmes en vertu de l’action de la sélection sexuelle, ont dû ordinairement se transmettre aux descendants des deux sexes. Si ce principe a amené des modifications, il est presque certain que les diverses races ont dû se modifier d’une façon différente, car chacune a son type propre de beauté.

Dans l’espèce humaine, surtout chez les sauvages, de nombreuses causes viennent s’immiscer dans les effets de la sélection sexuelle, en ce qui concerne l’ensemble du corps. Chez les peuples civilisés, les charmes intellectuels des femmes, leur fortune et surtout leur position sociale exercent une influence considérable sur l’esprit des hommes ; car ceux-ci choisissent rarement une compagne dans un rang de beaucoup inférieur à celui qu’ils occupent eux-mêmes. Les hommes qui réussissent à épouser les femmes les plus belles, n’ont pas une meilleure chance que ceux qui ont une femme moins belle, de laisser une longue lignée de descendants, à l’exception du petit nombre de ceux qui lèguent leur fortune selon la primogéniture. Quant à la forme contraire de la sélection, celle des hommes les plus beaux par les femmes, bien que, dans les pays civilisés, celles-ci