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ancêtres sauvages aient eu des cornes affectant la même forme. M. Bartlett m’apprend qu’une femelle de buffle du Cap (Bubalus caffer), introduite dans un enclos avec un taureau de la même espèce, l’attaqua, et fut violemment repoussée. Mais M. Bartlett resta convaincu que, si le taureau n’avait montré une grande magnanimité, il aurait pu aisément la tuer par un seul coup latéral de ses immenses cornes. La girafe se sert d’une façon singulière de ses cornes courtes et velues, qui sont un peu plus longues chez le mâle que chez la femelle ; grâce à son long cou, elle peut lancer la tête d’un côté ou de l’autre avec une telle force, que j’ai vu une planche dure profondément entaillée par un seul coup.

Fig. 63. — Oryx Leucoryx mâle (ménagerie de Knowsley).

On se demande comment les antilopes peuvent se servir de leurs cornes si singulièrement conformées ; ainsi le spring-bock (Ant. euchore a des cornes droites, un peu courtes, dont les pointes aiguës se regardent, recourbées qu’elles sont en dedans, presque à angle droit. M. Bartlett pense qu’elles doivent faire de terribles blessures sur les deux côtés de la face d’un antagoniste. Les cornes légèrement recourbées de l’Oryx leucoryx (fig. 63), sont dirigées en arrière et assez longues pour que leurs pointes dépassent le milieu du dos, en suivant une ligne qui lui est presque parallèle. Elles semblent ainsi bien mal conditionnées pour la lutte ; mais M. Bartlett m’informe que, lorsque deux de ces animaux se préparent au combat, ils s’agenouillent et baissent la tête entre les jambes de devant, attitude dans laquelle les cornes sont parallèles au sol et presque à ras de terre, avec les pointes dirigées en avant et un peu relevées. Les combattants s’approchent ensuite peu à peu ; chacun