Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

riations distinctes du palmaire accessoire (palmaris accessorius).

Le célèbre anatomiste Wolf[1] insiste sur le fait que les viscères internes sont plus variables que les parties externes : Nulla particula est quæ non aliter et aliter in allis se habeat hominibus. Il a même écrit un traité sur les types à choisir pour une description des viscères. Une discussion sur le beau idéal du foie, des poumons, des reins, etc., comme s’il s’agissait de la divine face humaine, sonne étrangement à nos oreilles.

La variabilité ou la diversité des facultés mentales chez les hommes appartenant à la même race, sans parler des différences plus grandes encore que présentent sous ce rapport les hommes appartenant à des races distinctes, est trop notoire pour qu’il soit nécessaire d’insister ici. Il en est de même chez les animaux inférieurs. Tous ceux qui ont été chargés de la direction de ménageries reconnaissent ce fait, que nous pouvons tous constater chez nos chiens et chez nos autres animaux domestiques. Brehm insiste tout particulièrement sur le fait que chacun des singes qu’il a gardés en captivité en Afrique avait son caractère et son humeur propres ; il mentionne un babouin remarquable par sa haute intelligence ; les gardiens du Jardin zoologique m’ont signalé un singe du nouveau continent également très remarquable à cet égard. Rengger appuie aussi sur la diversité du caractère des singes de même espèce qu’il a élevés au Paraguay ; diversité, ajoute-t-il, qui est en partie innée, et en partie le résultat de la manière dont on les a traités et de l’éducation qu’ils ont reçue[2].

J’ai discuté ailleurs[3] le sujet de l’hérédité avec assez de détails pour n’y consacrer ici que peu de mots. On a recueilli sur la transmission héréditaire des modifications, tant insignifiantes qu’importantes, un nombre beaucoup plus considérable de faits relatifs à l’homme qu’à aucun animal inférieur, bien qu’on possède sur ces derniers une assez grande abondance de documents. Ainsi, pour ne parler que des facultés mentales, la transmission est évidente chez nos chiens, chez nos chevaux et chez nos autres animaux domestiques. Il en est aussi certainement de même des goûts spéciaux et des habitudes, de l’intelligence générale, du courage, du bon et du mauvais caractère, etc. Nous observons chez l’homme des faits analogues dans presque toutes les familles ; les travaux admirables de M. Galton[4] nous ont maintenant appris que le génie, qui

  1. Acta Acad. Saint-Petersbourg, 1778, part. II, p. 217.
  2. Brehm, Thierleben, I, pp. 58, 87. Rengger, Säugethiere von Paraguay, p. 57.
  3. Variations des animaux, etc., chap. XII.
  4. Hereditary Genius : An inquiry into its Law and Consequences, 1869.