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vons nous faire quelque idée du plumage de leurs ancêtres reculés ; et en conclure que la beauté de nos espèces existantes, si nous envisageons la classe dans son ensemble, a considérablement augmenté. Beaucoup d’oiseaux, surtout ceux qui vivent sur le sol, revêtent sans aucun doute des couleurs sombres comme moyen de se protéger. La partie du plumage exposée à la vue s’est parfois ainsi colorée chez les deux sexes, tandis que la sélection sexuelle a orné de différentes façons le plumage de la partie inférieure du corps des mâles seuls. Enfin, les faits signalés dans ces quatre chapitres nous permettent de conclure que les variations et la sélection sexuelle ont généralement produit chez les mâles les armes de bataille, les organes producteurs de sons, les ornements divers, les couleurs vives et frappantes, et que ces caractères se sont transmis de différentes manières, conformément aux diverses lois de l’hérédité, — les femelles et les jeunes n’ayant été comparativement que peu modifiés[1].


CHAPITRE XVII


CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES CHEZ LES MAMMIFÈRES.


La loi de combat. — Armes particulières limitées aux mâles. — Cause de leur absence chez la femelle. — Armes communes aux deux sexes, mais primitivement acquises par le mâle. — Autres usages de ces armes. — Leur haute importance. — Taille plus grande du mâle. — Moyens de défense. — Sur les préférences manifestées par l’un et l’autre sexe dans l’accouplement des mammifères.


Chez les Mammifères, le mâle paraît obtenir la femelle bien plus par le combat que par l’étalage de ses charmes. Les animaux les plus timides, dépourvus de toute arme propre à la lutte, se livrent des combats furieux pendant la saison des amours. On a vu deux lièvres se battre jusqu’à ce que l’un des deux restât sur la place ; les taupes mâles se battent souvent aussi et quelquefois avec de terribles résultats. Les écureuils mâles « se livrent des assauts fréquents, et se blessent parfois mutuellement d’une façon sérieuse ; les castors mâles luttent entre eux avec un tel acharnement, qu’on trouve à peine une peau de ces animaux sans cicatrices[2]. » J’ai

  1. Je dois à M. Sclater toute ma reconnaissance pour l’obligeance avec laquelle il a bien voulu revoir ces quatre chapitres sur les Oiseaux et les deux suivants sur les Mammifères, et m’éviter ainsi toute erreur sur les noms spécifiques, ou l’insertion de faits que ce naturaliste distingué aurait pu reconnaître comme erronés. Mais il va sans dire qu’il n’est nullement responsable de l’exactitude des assertions que j’ai empruntées à diverses autorités.
  2. Voy. le récit de Waterton (Zoologist, I. p. 211, 1843) sur un combat entre