nous suffit de supposer qu’un ancêtre reculé a possédé les parties en question à l’état parfait, et que, sous l’influence de changements dans les habitudes d’existence, ces parties ont tendu à disparaître, soit par défaut d’usage, soit par la sélection naturelle des individus le moins encombrés d’une partie devenue superflue, causes de disparition venant s’ajouter aux autres causes déjà indiquées.
Nous pouvons ainsi comprendre comment il se fait que l’homme et tous les autres vertébrés ont été construits sur un même modèle général, pourquoi ils traversent les mêmes phases primitives de développement, et pourquoi ils conservent quelques rudiments communs. Nous devrions, par conséquent, admettre franchement leur communauté de descendance ; adopter toute autre théorie, c’est en arriver à considérer notre conformation et celle des animaux qui nous entourent comme un piège tendu à notre jugement. Cette conclusion trouve un appui immense dans un coup d’œil jeté sur l’ensemble des membres de la série animale, et sur les preuves que nous fournissent leurs affinités, leur classification, leur distribution géographique et leur succession géologique. Nos préjugés naturels, cette vanité qui a conduit nos ancêtres à déclarer qu’ils descendaient des demi-dieux, nous empêchent seuls d’accepter cette conclusion. Mais le moment n’est pas éloigné où l’on s’étonnera que des naturalistes, connaissant la conformation comparative et le développement de l’homme et des autres mammifères, aient pu si longtemps croire que chacun d’eux a été l’objet d’un acte séparé de création.
CHAPITRE II
DE QUELQUE TYPE INFÉRIEUR
L’homme est à notre époque sujet à de nombreuses variations. Il n’y a pas, dans une même race, deux individus complètement