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plus loin quelques faits analogues relatifs à certains hérons. Les jeunes tétras noirs (Tetrao tetrix) ressemblent aux individus jeunes et adultes d’autres espèces, au grouse rouge (T. scoticus) par exemple. Enfin, M. Blyth, qui s’est beaucoup occupé de cette question, a fait remarquer, avec beaucoup de justesse, que les affinités naturelles de beaucoup d’espèces se manifestent très-clairement dans leur jeune plumage ; or, comme les affinités vraies de tous les êtres organisés dépendent de leur descendance d’un ancêtre commun, cette remarque vient confirmer l’hypothèse que le plumage du jeune âge nous indique approximativement l’état ancien de l’espèce.

Un grand nombre de jeunes oiseaux de divers ordres nous fournissent ainsi l’occasion d’entrevoir, pour ainsi dire, le plumage de leurs ancêtres reculés, mais il en est beaucoup d’autres, dont la coloration brillante ou terne ressemble beaucoup à celle de leurs parents. Dans ce cas, les jeunes des diverses espèces ne peuvent ni se ressembler plus que ne le font les parents, ni offrir de fortes ressemblances avec des formes voisines adultes. Ils nous fournissent donc très-peu de renseignements sur le plumage de leurs ancêtres ; cependant, lorsque les jeunes et les adultes affectent, dans un groupe entier d’espèces, une coloration semblable, on est autorisé à conclure que cette coloration était aussi celle de leurs ancêtres.

Nous pouvons maintenant examiner les catégories dans lesquelles on peut grouper les différences et les ressemblances qui existent entre le plumage des jeunes oiseaux et celui des adultes, entre celui des individus des deux sexes ou celui d’un sexe seul. Cuvier est le premier qui ait formulé des règles à cet égard ; mais il convient, par suite des progrès de nos connaissances, de leur faire subir quelques modifications et quelques amplifications. C’est, autant que l’extrême complication du sujet peut le permettre, ce que j’ai cherché à faire d’après des documents puisés à des sources diverses ; mais un travail complet à cet égard, fait par un ornithologiste compétent, serait très-nécessaire. Pour vérifier jusqu’à quel point chaque règle peut s’appliquer, j’ai relevé en tableau les faits cités dans quatre grands ouvrages : Macgillivray sur les oiseaux d’Angleterre ; Audubon sur ceux de l’Amérique du Nord ; Jerdon sur ceux de l’Inde, et Gould sur ceux de l’Australie. Il est indispensable de faire remarquer que, premièrement, les différentes catégories tendent à se confondre l’une avec l’autre ; et, secondement, que, lorsqu’on

    bon, sur les grives, Ornith. Biogr., vol. II, p. 195. Sur les Chrysococcyx et Chalcophaps, Blyth cité dans Jerdon, Birds of India, vol. III, p. 485. Sur le Sarkidiornis, Blyth, Ibis, 1867, p. 175.