CHAPITRE XVI
Nous avons maintenant à considérer la transmission des caractères, limitée par l’âge, dans ses rapports avec la sélection sexuelle. Nous ne discuterons ici ni le bien fondé ni l’importance du principe de l’hérédité aux âges correspondants ; c’est un sujet sur lequel nous avons déjà assez insisté. Avant d’exposer les diverses règles assez compliquées, ou les catégories dans lesquelles, autant que je le comprends, on peut faire rentrer toutes les différences qui existent entre le plumage des jeunes et celui des adultes, je crois devoir faire quelques remarques préliminaires.
Lorsque, chez des animaux, quels qu’ils soient, les jeunes affectent une coloration différente de celle des adultes, sans qu’elle ait pour eux, autant que nous en pouvons juger, aucune utilité spéciale, on peut généralement attribuer cette coloration, de même que diverses conformations embryonnaires, à ce que le jeune animal a conservé le caractère d’un ancêtre primitif. Cette hypothèse, il est vrai, n’acquiert un grand degré de probabilité que dans le cas où les jeunes appartenant à plusieurs espèces se ressemblent beaucoup et ressemblent également aux adultes appartenant à d’autres espèces du même groupe ; on peut conclure en effet de l’existence de ces derniers qu’un pareil état était autrefois possible. Les jeunes lions et les jeunes pumas portent des raies ou des rangées de taches faiblement indiquées, et les membres de beaucoup d’espèces voisines, jeunes ou adultes, présentent des marques semblables ; en conséquence, un naturaliste qui croit à l’évolution graduelle des espèces peut admettre sans la moindre hésitation que l’ancêtre du lion et du puma était un animal rayé, les jeunes ayant, comme les petits chats noirs, conservé la trace des raies qui ont absolument disparu chez les adultes. Chez beaucoup d’espèces de cerfs les adultes n’ont aucune tache, tandis que les jeunes sont couverts de taches blanches ; le même fait se présente également chez les adultes