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espèces voisines, arrivées à l’âge de la reproduction, diffère beaucoup, d’après M. Blyth, de celui des mâles adultes ; mais ces différences, après la seconde ou la troisième mue, se réduisent à une légère teinte verdâtre du bec. Chez les butors nains (Ardetta), d’après la même autorité, « le mâle revêt sa livrée définitive à la première mue, la femelle à la troisième ou à la quatrième seulement ; elle a, dans l’intervalle, un plumage intermédiaire qu’elle échange ultérieurement pour le plumage du mâle. » Ainsi encore le Falco peregrinus femelle revêt son plumage bleu plus lentement que le mâle. M. Swinhoe assure que chez une espèce de Drongo (Dicrurus macrocerrus) le mâle, au sortir du nid, perd son plumage brun moelleux et devient d’un noir verdâtre uniformément lustré ; tandis que la femelle conserve pendant longtemps encore les taches et les stries blanches de ses plumes axillaires et ne revêt complètement la couleur noire et uniforme du mâle qu’au bout de trois ans. Le même observateur fait remarquer que la spatule (Platalea) femelle de la Chine ressemble, au printemps de sa seconde année, au mâle de la première, et qu’elle paraît ne revêtir qu’au troisième printemps le plumage adulte que le mâle possède déjà à un âge beaucoup plus précoce. La femelle du Bombycilla carolinensis diffère très-peu du mâle, mais les appendices qui ornent ses rémiges et qui ressemblent à des boules de cire à cacheter rouge[1] ne se développent pas aussi précocement que chez le mâle. La partie supérieure du bec d’un perroquet indien mâle (Palæornis Javanicus) est, dès sa première jeunesse, rouge corail ; mais, chez la femelle, ainsi que M. Blyth l’a observé chez des oiseaux sauvages et en captivité, elle est d’abord noire, et ne devient rouge qu’au bout d’un an, âge auquel les mâles et les femelles se ressemblent sous tous les rapports. Chez le dindon sauvage, les individus des deux sexes finissent par porter une touffe de soies sur la poitrine, qui, chez les mâles âgés de deux ans, a déjà une longueur d’environ dix centimètres, et se voit à peine chez la femelle ; mais elle se développe chez cette dernière et atteint dix ou douze centimètres de longueur, lorsqu’elle entre dans sa quatrième année[2].

  1. Quand le mâle courtise la femelle, il fait vibrer ces ornements et les étale avec soin sur ses ailes déployées. Voir à ce sujet A. Leith Adams, Field and forest Rambles, 1873, p. 153.
  2. Sur l’Ardetta, traduction anglaise de M. Blyth, du Règne animal, de Cuvier, p. 159, note. Sur le Faucon pèlerin, M. Blyth dans Charlesworht Mag. of Nat. Hist., vol. I, 1837, p. 304. Sur le Dicrurus, Ibis, p. 44, 1863. Sur le Platalea, Ibis, vol. VI, 1864, p. 366. Sur le Bombycilla, Audubon, Ornith. Biogr., vol. I, p. 229. Sur le Palæornis, Jerdon, Birds of India, vol. I, p. 263. Sur le Dindon sauvage, Audubon, o. c., vol. I, p. 15. Judge-Caton m’apprend que la femelle