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paraît d’abord, car tous les caractères extérieurs sont généralement identiques chez les deux sexes pendant les premières phases de la formation. La direction et l’arrangement des poils sur le fœtus sont les mêmes que chez l’adulte, mais ils sont sujets à une grande variabilité. La surface entière du fœtus, y compris même le front et les oreilles, est ainsi couverte d’un épais revêtement de poils ; mais, fait significatif, la paume des mains, ainsi que la plante des pieds, restent absolument nues, comme les surfaces inférieures des quatre membres chez la plupart des animaux inférieurs. Cette coïncidence ne peut guère être accidentelle ; il est donc probable que le revêtement laineux de l’embryon représente le premier revêtement de poils permanents chez les mammifères qui naissent velus. On a recueilli trois ou quatre observations authentiques relatives à des personnes qui, en naissant, avaient le corps et la face couverte de longs poils fins ; cette étrange particularité semble être fortement héréditaire et se trouve en corrélation avec un état anormal de la dentition[1]. Le professeur Alex. Brandt a comparé les poils de la face d’un homme âgé de trente-cinq ans, atteint de cette particularité, avec le lanugo d’un fœtus, et il a observé que la texture des poils et du lanugo était absolument semblable ; il pense donc que l’on peut attribuer ce phénomène à un arrêt de développement du poil qui n’en continue pas moins de croître. Un médecin, attaché à un hôpital pour les enfants, m’a affirmé que beaucoup d’enfants délicats ont le dos couvert de longs poils soyeux ; on peut sans doute expliquer ce cas de la même façon que le précédent.

Il semble que les molaires postérieures, ou dents de sagesse, tendent à devenir rudimentaires chez les races humaines les plus civilisées. Elles sont un peu plus petites que les autres molaires, fait que l’on a observé aussi pour les dents correspondantes chez le chimpanzé et chez l’orang ; en outre, elles n’ont que deux racines distinctes. Elles ne percent pas la gencive avant la dix-septième année, et l’on m’a assuré qu’elles sont beaucoup plus sujettes à la carie et se perdent plus tôt que les autres dents, ce que nient, d’ailleurs, quelques dentistes éminents. Elles sont aussi, beaucoup plus que les autres dents, sujettes à varier tant par leur structure que par l’époque de leur développement[2]. Chez les races méla-

  1. Voir : Variation des Animaux et des Plantes à l’état domestique, vol. I p. 327. Le professeur Alex Brandt a signalé récemment un autre cas analogue observé chez un Russe et chez son fils.
  2. Docteur Webb, Teeth in Man and the Anthropoid Apes, cité par le docteur C. Carter Blake. Anthropological Review. juillet 1867, p. 299.