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moitié, et, chez d’autres, les deux tiers de la longueur des vraies rectrices. Les tectrices caudales sont ornées d’ocelles comme chez le paon. Ainsi, les diverses espèces de polyplectron se rapprochent évidemment du paon, par l’allongement de leurs tectrices, par le zonage de leurs ocelles et par quelques autres caractères.

Malgré ce rapprochement, j’avais presque renoncé à mes recherches après avoir examiné la première espèce de polyplectron que j’ai eue à ma disposition ; car je trouvai non seulement que les véritables rectrices, qui sont simples chez le paon, étaient ornées d’ocelles qui, sur toutes les plumes, différaient fondamentalement de ceux du paon, en ce qu’il y en avait deux sur la même plume (fig. 55), un de chaque côté de la tige. Cette remarque m’amena à conclure que les ancêtres primitifs du paon n’avaient pu, à aucun degré, ressembler au polyplectron. Mais, en continuant mes recherches, je remarquai que, chez quelques espèces, les deux ocelles sont fort rapprochés ; que, sur les rectrices du P. Hardwickii, par exemple, les deux ocelles se touchaient, et enfin que, sur les tectrices de la queue de la même espèce ainsi que sur celle du P. Malaccense (fig. 56), ils se confondaient. La soudure, n’intéressant que la portion centrale, provoque des dentelures aux bords supérieurs et inférieurs de l’ocelle, qui se traduisent également sur les zones colorées environnantes. Chaque tectrice caudale porte ainsi un ocelle unique, mais dont la double origine est encore nettement accusée. Ces ocelles confluents diffèrent de ceux du paon qui sont uniques, en ce qu’ils ont une échancrure à chaque extrémité, au lieu de n’en présenter qu’une à l’extrémité inférieure ou à la base. Il est d’ailleurs facile d’expliquer cette différence ; chez quelques espèces de polyplectrons les deux ocelles ovales de la même plume sont parallèles ; chez une autre (P. chinquis), ils convergent vers une des extrémités ; or, la soudure partielle de deux ocelles convergents doit évidemment produire une dentelure plus profonde à l’extrémité divergente qu’à l’extrémité convergente. Il est manifeste aussi que, si la convergence était très-prononcée et la fusion complète, l’échancrure tendrait à disparaître complètement à l’extrémité convergente.

Chez les deux espèces de paons, les rectrices sont entièrement dépourvues d’ocelles, ce qui provient sans doute de ce qu’elles se trouvent cachées par les longues tectrices caudales qui les recouvrent. Elles diffèrent, très-notablement, sous ce rapport, des plumes rectrices des polyplectrons, lesquelles, chez la plupart des espèces, sont ornées d’ocelles plus grands que ceux des plumes qui les recouvrent. J’ai donc été amené à examiner avec soin les