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ocelles grands et parfaitement symétriques (B’)[1]. Dans les cas comme ceux-ci le développement d’un ocelle parfait n’exige pas une série prolongée de variations et de sélections.

Fig. 53. Cylla Leda, Linn., dessin de M. Trimen, indiquant l’extrême étendue de la variation des ocelles.
A. Papillon de Maurice, surface supérieure de l’aile antérieure. B. Papillon de Java, surface supérieure de l’aile postérieure.
A’. Papillon de Natal, id. B’. Papillon de Maurice, id.


Il semble résulter de la comparaison des espèces voisines chez les oiseaux et chez beaucoup d’autres animaux, que les taches circulaires proviennent souvent d’un fractionnement et d’une contraction des raies. Chez le faisan Tragopan, les magnifiques taches blanches du mâle[2] sont représentées chez la femelle, par des raies indécises de même couleur ; on peut observer quelque chose d’analogue chez les deux sexes du faisan Argus. Quoi qu’il en soit, toutes les apparences favorisent l’hypothèse que, d’une part, une tache foncée résulte souvent de la condensation, sur un point central, de la matière colorante répandue sur la zone environnante, laquelle devient ainsi plus claire. D’autre part, qu’une tache blanche résulte souvent de la dissémination autour d’un point central de la substance colorante qui, en s’y répandant, constitue une zone am-

  1. Ce dessin sur bois a été gravé d’après un magnifique dessin que M. Trimen a eu l’obligeance d’exécuter pour moi ; il faut lire la description des étonnantes variations que peuvent offrir les ailes de ce papillon dans leur coloration et dans leur forme, et que contient son Rhopalocera Africæ Australis, p. 186.
  2. Jerdon, Birds of India, vol. III, p. 517.