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enfant à celle d’un singe, le Cynopithecus niger, dont j’ai donné le dessin dans un autre ouvrage[1]. Si, dans ces deux cas, le bord s’était replié intérieurement de la façon normale, il se serait formé une saillie intérieure. Je puis ajouter que, dans deux autres cas, l’oreille conserve un aspect quelque peu pointu, bien que le bord de la partie supérieure de l’oreille soit normalement replié à l’intérieur, très faiblement, il est vrai, dans un des deux cas. La figure 3, reproduction exacte d’une photographie qu’a bien voulu m’envoyer le Dr Nitsche, représente le fœtus d’un orang. On peut voir combien

Fig. 3. — Fœtus d’orang. Copie exacte d’une photographie indiquant la forme de l’oreille à cet âge précoce.


l’oreille du fœtus de l’orang diffère de celle du même animal à l’état adulte ; on sait, en effet, que cette dernière ressemble beaucoup à celle de l’homme. Il est facile de comprendre que, si la pointe de l’oreille du fœtus venait à se replier intérieurement, il se produirait une saillie tournée vers l’intérieur, à moins que l’oreille ne subisse de grandes modifications dans le cours de son développement. En résumé, il me semble toujours probable que, dans certains cas, les saillies en question, chez l’homme et chez le singe, sont les vestiges d’un état antérieur.

La troisième paupière, ou membrane clignotante, est, avec ses muscles accessoires et d’autres conformations, particulièrement bien développée chez les oiseaux ; elle a pour eux une importance fonctionnelle considérable, car, grâce à elle, ils peuvent recouvrir rapidement le globe de l’œil tout entier. On observe cette troisième paupière chez quelques reptiles, chez quelques amphibies, et chez

  1. L’Expression des Émotions p. 136. (Paris. Reinwald.)