termes du métier on appelle les armer en guerre. Un coq qui n’a pas été ainsi préparé, dit M. Tegetmeier, « a de grands désavantages, car la crête et les caroncules offrent une prise facile au bec de son adversaire, et comme le coq frappe toujours là où il tient, lorsqu’il est parvenu à saisir son adversaire, celui-ci est bientôt en son pouvoir. En admettant même que l’oiseau ne soit pas tué, un coq qui n’a pas été taillé de la manière indiquée est exposé certainement à perdre beaucoup plus de sang que celui qui l’a été[1]. » Lorsque les jeunes dindons se battent, ils se saisissent toujours par les caroncules, et je pense que les vieux oiseaux se battent de la même manière. On peut objecter que les crêtes et les caroncules ne sont pas des ornements et ne peuvent avoir pour les oiseaux aucune utilité de cette nature ; mais cependant, même à nos yeux, la beauté du coq espagnol au plumage noir brillant est fort rehaussée par sa face blanche et sa crête cramoisie ; et quiconque a eu l’occasion de voir un faisan tragopan mâle distendre ses magnifiques caroncules bleus, pendant qu’il courtise la femelle, ne peut douter un instant qu’ils ne servent à embellir l’oiseau. Les faits que nous venons de citer prouvent que les plumes et les autres ornements du mâle doivent avoir pour lui une haute importance ; ils prouvent, en outre, que, dans certains cas, la beauté est même plus essentielle pour lui que la victoire dans le combat.
CHAPITRE XIV
Lorsque les mâles et les femelles présentent quelques différences au point de vue de la beauté, de l’aptitude à chanter, ou de la production de ce que j’ai qualifié de musique instrumentale, le mâle, presque toujours, l’emporte sur la femelle. Ces qualités, ainsi que nous venons de le démontrer, ont évidemment pour lui une grande importance. Quand elles sont temporaires seulement, elles n’apparaissent que peu de temps avant l’époque de l’accouplement. Le mâle seul se donne beaucoup de peine pour exhiber ses attraits
- ↑ Tegetmeier, The Poultry Book, 1866, p. 139.