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les ornements dont nous avons déjà parlé au commencement de ce chapitre. Les huppes qui couvrent le devant ou le derrière de la tête des oiseaux se composent de plumes qui affectent les formes les plus diverses ; parfois ces huppes se redressent ou s’étalent, de manière à présenter complètement aux regards les splendides couleurs qui les décorent. D’autres fois, ce sont d’élégantes houppes auriculaires (voy. fig. 39, p. 61). Parfois aussi un duvet velouté recouvre la tête, chez le faisan, par exemple ; quelquefois, au contraire, la tête est dénudée et revêt d’admirables colorations. La gorge aussi est quelquefois ornée d’une barbe ou de caroncules. Les appendices de ce genre, affectant d’ordinaire de brillantes couleurs, servent sans doute d’ornements, bien que nous ne soyons guère disposés à les considérer comme tels ; en effet, pendant que les mâles courtisent la femelle, ces appendices se gonflent et acquièrent des tons encore plus vifs, chez le dindon mâle, par exemple. Les appendices charnus qui ornent la tête du faisan tragopan mâle (Ceriornis Temminckii) se dilatent pendant la saison des amours, de façon à former un large médaillon sur la gorge et deux cornes situées de chaque côté de la splendide huppe qu’il porte sur la tête ; ces appendices revêtent alors le bleu le plus intense qu’il m’ait été donné de voir[1]. Le Calao africain (Bucorax abyssinicus) gonfle la caroncule écarlate en forme de vessie qu’il porte au cou, ce qui, « joint à ses ailes traînantes et à sa queue étalée, lui donne un grand air[2], » L’iris même de l’œil affecte parfois une coloration plus vive chez le mâle que chez la femelle ; il en est fréquemment de même pour le bec, chez notre merle commun, par exemple. Le bec entier et le grand casque du Buceros corrugatus mâle sont plus vivement colorés que ceux de la femelle ; « le bec du mâle porte, en outre, des rainures obliques sur la mandibule inférieure[3]. »

La tête, bien souvent encore, porte des appendices charnus, des filaments ou des protubérances solides. Quand ces ornements ne sont pas communs aux mâles et aux femelles, le mâle seul en est pourvu. Le Dr W. Marshall[4] a décrit en détail les protubérances solides ; il a démontré qu’elles se composent d’os poreux revêtus de peau ou de tissu dermique. Les os du front, chez les mammifères, supportent toujours des cornes véritables ; chez les oiseaux, au contraire, divers os se sont modifiés pour servir de support. On peut observer, chez les espèces d’un même groupe, des protubé-

  1. Murie, Proceed. Zoolog. Soc., 1872, p. 630.
  2. M. Monteiro, Ibis, 1862, vol. IV, p. 339.
  3. Land and Water, 1868, p. 217.
  4. Über die Schädelhöcker, Niederländisches Archiv für Zoologie, vol. I, part. II.