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gant qu’à un guerrier ; il livre cependant quelquefois de terribles combats ; le Rév. W. Darwin Fox m’apprend que deux paons, qui avaient commencé à se battre à une petite distance de Chester, étaient tellement excités, qu’ils avaient passé par-dessus toute la ville en continuant à lutter ; ils finirent par se poser au sommet de la tour de Saint-Jean.

L’ergot chez les gallinacés est généralement simple ; toutefois le Polyplectron (fig. 51) en porte deux ou un plus grand nombre à chaque patte, et on a vu un Ithaginis cruentus qui en avait cinq. Les mâles seuls possèdent, ordinairement, des ergots qui ne sont représentés chez les femelles que par de simples rudiments ; mais les femelles du paon de Java (Pavo muticus), et, d’après M. Blyth, celles d’un petit faisan (Euplocamus erythrophthalmus), possèdent des ergots. Les Galloperdix mâles, ont ordinairement deux ergots, et les femelles un seul à chaque patte[1]. On peut donc conclure avec certitude que l’ergot constitue un caractère masculin, bien qu’accidentellement il se transmette plus ou moins complètement aux femelles. Comme la plupart des autres caractères sexuels secondaires, les ergots sont très-variables, tant par leur nombre que par leur développement chez une même espèce.

Plusieurs oiseaux portent des ergots aux ailes. Chez l’oie égyptienne (Chenalopex ægyptiacus), ils ne consistent qu’en protubérances obtuses, qui probablement nous représentent le point de départ du développement des vrais ergots chez les oiseaux voisins. Chez le Plectropterus gambensis, ils atteignent un développement beaucoup plus considérable chez les mâles que chez les femelles, et M. Bartlett affirme que les mâles s’en servent dans leurs combats. Dans ce cas, les ergots des ailes constitueraient donc des armes sexuelles ; il est vrai que Livingstone assure que ces armes sont particulièrement destinées à la défense des jeunes. Le Palamedea (fig. 38) porte à chaque aile une paire d’ergots qui constituent une arme assez formidable pour qu’un seul coup suffise à mettre en fuite un chien en le faisant hurler de douleur. Il ne paraît pas toutefois que chez ces oiseaux, pas plus que chez quelques râles qui possèdent des armes semblables, ces ergots soient plus développés chez le mâle que chez la femelle[2]. Chez certains pluviers, au contraire, les ergots des ailes constituent un caractère

  1. Jerdon, o. c., sur l’Ithaginis, vol. III, p. 523 ; sur le Galloperdix, p. 541.
  2. Pour l’oie égyptienne, Macgillivray, British Birds, vol. IV, p. 639. Pour le Plectropterus, Livingstone, Travels, p. 234. Pour la Palamedea, Brehm, Vie des animaux, édition française. Voir aussi sur ces oiseaux Azara, Voyages dans l’Amér. mérid., vol. VI, 1809, p. 179, 253.