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chez le babouin adulte[1]. Le professeur Owen fait remarquer[2] « que le gros orteil qui fournit le point d’appui dans la marche, aussi bien debout qu’à l’état de repos, constitue peut-être la particularité la plus caractéristique de la structure humaine » ; mais le professeur Wyman[3] a démontré que, chez l’embryon, ayant environ un pouce de longueur, « l’orteil est plus court que les autres doigts, et que, au lieu de leur être parallèle, il forme un angle avec le côté du pied, correspondant ainsi par sa position avec l’état permanent de l’orteil chez les quadrumanes ». Je termine par une citation de Huxley[4], qui se demande : l’homme est-il engendré, se développe-t-il, vient-il au monde d’une façon autre que le chien, l’oiseau, la grenouille ou le poisson ? Puis il ajoute : « La réponse ne peut pas être douteuse un seul instant ; il est incontestable que le mode d’origine et les premières phases du développement humain sont identiques à ceux des animaux qui occupent les degrés immédiatement au-dessous de lui sur l’échelle, et qu’à ce point de vue il est beaucoup plus voisin des singes que ceux-ci ne le sont du chien. »


Rudiments. — Nous traiterons ce sujet avec plus de développements, bien qu’il ne soit pas intrinsèquement beaucoup plus important que les deux précédents[5]. On rencontre chez tous les animaux supérieurs quelques parties à l’état rudimentaire ; l’homme ne fait point exception à cette règle. Il faut, d’ailleurs, distinguer, ce qui, dans quelques cas, n’est pas toujours facile, les organes rudimentaires de ceux qui ne sont qu’à l’état naissant. Les premiers sont absolument inutiles, tels que les mamelles chez les quadrupèdes mâles, et chez les ruminants les incisives qui ne percent jamais la gencive ; ou bien ils rendent seulement à leurs possesseurs actuels de si légers services que nous ne pouvons pas supposer qu’ils se soient développés dans les conditions où ils existent aujourd’hui. Les organes, dans ce dernier état, ne sont pas strictement rudimentaires, mais tendent à le devenir. Les organes naissants, d’autre part, bien qu’ils ne soient pas complètement développés, rendent de grands services à leurs possesseurs et sont

  1. Die Grosshirnwindungen des Menschen, 1868, p. 95.
  2. Anatomy of vertebrates, vol II, p. 553.
  3. Proceedings Soc. Nat. Hist., Boston, 1863, vol. IX, p. 185.
  4. Man’s place in Nature, p. 65.
  5. J’avais déjà écrit ce chapitre avant d’avoir lu un travail de grande valeur, auquel je suis redevable pour beaucoup de données, par G. Canestrini « Caratteri rudimentali in ordine all origine dell uomo » (Annuario della Soc. d. nat., Modena, 1867, p. 81). Hæckel a admirablement discuté l’ensemble du sujet sous le titre de Dystéologie, dans sa Generelle Morphologie et Schöpfungsgeschichte.