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CHAPITRE XII


CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES DES POISSONS,
DES AMPHIBIES ET DES REPTILES.


Poissons : Assiduités des mâles, leurs combats. — Les femelles sont ordinairement plus grandes que les mâles. — Mâles, couleurs vives, ornements et autres caractères étranges. — Couleurs et ornements qu’acquièrent les mâles pendant la saison des amours. — Chez certaines espèces, les mâles et les femelles affectent également des couleurs brillantes. — Couleurs protectrices. — On ne peut attribuer au besoin de protection les couleurs moins brillantes des femelles. — Certains poissons mâles construisent les nids, et prennent soin des œufs et des jeunes. — Amphibies : Différences de conformation et de coloration entre les mâles et les femelles. — Organes vocaux. — Reptiles : Chéloniens. — Crocodiles. — Serpents, couleurs protectrices dans quelques cas. — Batailles des lézards. — Ornements. — Étranges différences de conformation entre les mâles et les femelles. — Couleurs. — Différences sexuelles presque aussi considérables que chez les oiseaux.


Abordons maintenant le grand sous-règne des Vertébrés, en commençant par l’étude de la classe inférieure, celle des poissons. Les Plagiostomes (Requins, Raies) et les Chiméroïdes mâles possèdent divers organes qui leur permettent de retenir la femelle, organes analogues à ceux que nous avons observés chez tant d’animaux inférieurs. Outre ces organes, beaucoup de raies mâles portent sur la tête des touffes de forts piquants acérés, et plusieurs rangées de ces mêmes piquants sur « la surface externe supérieure des nageoires pectorales ». Ces piquants existent chez les mâles de certaines espèces, qui ont le reste du corps entièrement lisse. Ils se développent de façon temporaire, pendant la saison des amours seulement ; le docteur Günther affirme qu’ils servent d’organes prenants, l’animal se repliant sur lui-même de façon à former une espèce de cercle. Il est à remarquer que, chez quelques espèces, telles que la Raia clavata, c’est la femelle et non le mâle qui a le dos parsemé de gros piquants recourbés en crochets[1].

Les mâles seuls du Mallotus villosus sont pourvus d’écailles très-rapprochées ressemblant un peu à une brosse, qui permettent à deux mâles de maintenir la femelle en se plaçant à ses côtés pendant qu’elle passe avec une grande rapidité sur les bancs de sable où elle dépose ses œufs[2]. Le Monacanthus scopas, espèce très-distincte, présente une conformation à peu près analogue. Le docteur Günther m’apprend que ce poisson porte aux deux côtés de la

  1. Yarrell, Hist. of British Fishes, vol. II, 1836, p. 417, 425, 436. Le docteur Günther m’apprend que chez la R. Clavata les femelles portent seules des piquants.
  2. The american naturalist, avril 1871, p. 119.