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L’ensemble de la marche de l’importante fonction de la reproduction de l’espèce présente les plus grandes ressemblances chez tous les mammifères, depuis les premières assiduités du mâle[1] jusqu’à la naissance et l’allaitement des jeunes. Les singes naissent dans un état presque aussi faible que nos propres enfants, et, dans certains genres, les jeunes diffèrent aussi complètement des adultes, par leur aspect, que le font nos enfants de leurs parents[2]. Quelques savants ont présenté, comme une distinction importante, le fait que, chez l’homme, le jeune individu n’atteint la maturité qu’à un âge beaucoup plus avancé que chez tous les autres animaux ; mais, si nous considérons les races humaines habitant les contrées tropicales, la différence n’est pas bien considérable, car on admet que l’orang ne devient adulte qu’à dix ou quinze ans[3]. L’homme diffère de la femme par sa taille, par sa force corporelle, par sa villosité, etc., ainsi que par son intelligence, dans la même proportion que les deux sexes chez la plupart des mammifères. Bref, il n’est pas possible d’exagérer l’étroite analogie qui existe entre l’homme et les animaux supérieurs, surtout les singes anthropomorphes, tant dans la conformation générale et la structure élémentaire des tissus que dans la composition chimique et la constitution.


Développement embryonnaire. — L’homme se développe d’un ovule ayant environ 0mm,02 de diamètre ; cet ovule ne diffère en aucun point de celui des autres animaux à une période précoce ; c’est à peine si l’on peut distinguer cet embryon lui-même de celui d’autres membres du règne des vertébrés. À cette période, les artères circulent dans des branches arquées, comme pour porter le sang dans des branchies qui n’existent pas dans les vertébrés supérieurs, bien que les fentes latérales du cou persistent et marquent leur ancienne position (fig. 1, f, g). Un peu plus tard, lorsque les extrémités se développent, ainsi que le remarque le célèbre de Baër, « les pattes

  1. « Mares e diversis generibus Quadrumanorum sine dubio dignoseunt feminas humanas a maribus. Primum, credo, oduratu, postea aspectu. M. Youatt, qui diu in Hortis Zoologicis (Bestiariis) medicus animalium erat, vir in rebus observandis cautus et sagax, hoc mihi certissime probavit, et curatores ejusdem loci et alii e ministris confirmaverunt. Sir Andrew Smith et Brehm notabant idem in Cynocephalo. Illustrissimus Cuvier etiam narrat multa de hàc re, quâ ut opinor, nihil turpius potest indicari inter omnia hominibus et Quadrumanis communia. Narrat enim Cynocephalum quemdam in furorem incidere aspectu feminarum aliquarum, sed nequaquam accendi tanto furore ab omnibus. Semper eligebat juniores, et dignoscebat in turbâ, et advocabat voce gestuque. »
  2. Cette remarque a été faite pour les Cynocéphales et pour les singes anthropomorphes par Geoffroy Saint-Hilaire et F. Cuvier (Hist. nat. des mammifères, t. I. 1824.
  3. Huxley, Man’s place in Nature, 1863, p. 34.