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direct pour les individus ; un individu, par exemple, ayant une tendance à produire plus de mâles que de femelles ne réussirait pas mieux dans la lutte pour l’existence qu’un individu ayant une tendance contraire ; par conséquent, la sélection naturelle ne pourrait pas déterminer une tendance de cette nature. Néanmoins, il existe certains animaux, les poissons et les cirripèdes par exemple, chez lesquels deux ou plusieurs mâles semblent indispensables pour la fécondation de la femelle ; en conséquence, les mâles existent en plus grand nombre, mais il est difficile d’expliquer quelle cause a amené cette prépondérance des mâles. J’étais, autrefois, disposé à croire que, quand la tendance à produire les deux sexes en nombre à peu près égal est avantageuse à l’espèce, cette tendance résulte de l’action de la sélection naturelle, mais de nouvelles recherches m’ont démontré que le problème est si complexe qu’il est plus sage de laisser à l’avenir le soin d’en présenter une solution.


CHAPITRE IX


LES CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES DANS LES CLASSES
INFÉRIEURES DU RÈGNE ANIMAL


Absence de caractères de ce genre dans les classes inférieures. — Couleurs brillantes. — Mollusques. — Annélides. — Chez les Crustacés, les caractères sexuels secondaires sont fortement développés, dimorphisme, couleur, caractères acquis seulement à l’état adulte. — Caractères sexuels des Araignées, stridulation chez les mâles. — Myriapodes.


Il n’est pas rare que, dans les classes inférieures du règne animal, les deux sexes soient réunis sur le même individu, ce qui s’oppose, par conséquent, à tout développement des caractères sexuels secondaires. Souvent aussi, lorsque les sexes sont séparés, les mâles et les femelles, fixés d’une façon permanente à quelque support, ne peuvent ni se chercher, ni lutter pour se posséder l’un l’autre. Il est certain, d’ailleurs, que ces animaux ont des sens trop imparfaits et des facultés mentales trop infimes pour éprouver des sentiments de rivalité et pour apprécier leur beauté ou leurs autres attraits réciproques.

Aussi ne rencontre-t-on pas de vrais caractères sexuels secondaires, tels que ceux dont nous nous occupons ici, dans les classes ou sous-règnes, tels que les Protozoaires, les Cœlentérés, les Échinodermes, les Scolécidés. On peut en conclure, comme nous l’avons fait d’ailleurs, que chez les animaux des classes plus élevées, les