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Slockton-Hough[1], la saison de l’année, l’état de pauvreté ou de richesse des parents, la résidence à la campagne ou dans les villes, la présence d’immigrants, etc., sont toutes des causes qui exercent une influence sur la proportion des sexes. Pour l’homme encore, on a supposé que la polygamie détermine la naissance d’une plus grande proportion d’enfants du sexe féminin ; mais le docteur J. Campbell[2], après des recherches nombreuses faites dans les harems de Siam, a été amené à conclure que la proportion des naissances de garçons et de filles est la même que celle que donnent les unions monogames. Bien que peu d’animaux aient été rendus aussi polygames que notre cheval de course anglais, nous allons voir que ses descendants mâles et femelles sont presque en nombre exactement égal.

Je vais maintenant citer les faits que j’ai recueillis relativement au nombre proportionnel des sexes chez diverses espèces d’animaux, puis je discuterai brièvement quel rôle a pu jouer la sélection pour amener le résultat.


Cheval. — Je dois à l’obligeance de M. Tegetmeier un relevé dressé, d’après le Calendrier des Courses, des naissances de chevaux de courses pendant une période de vingt et une années, de 1847 à 1867 ; l’année 1849 seule est omise, aucun rapport n’ayant été publié. Les naissances se sont élevées à 25,560[3] ; elles consistent en 12,763 mâles et 12,797 femelles, soit un rapport de 99,7 mâles pour 100 femelles. Ces chiffres étant assez considérables, et portant sur toutes les parties de l’Angleterre, pendant une période de plusieurs années, nous pouvons en conclure que, chez le cheval domestique, au moins pour la race dite de course, les deux sexes sont produits en nombre presque égal. Les fluctuations que présentent, dans les années successives, la proportion des sexes, sont très-analogues à celles qui s’observent dans le genre humain, lorsqu’on ne considère qu’une surface peu étendue et peu peuplée ; ainsi, en 1856, on a compté, pour 100 juments, 107,1 étalons, et en 1867, seulement 92,6. Dans les rapports présentés en tableaux, les proportions varient par cycles : ainsi le nombre des mâles a excédé celui des femelles pendant six années consécutives ; et le nombre de celles-ci a excédé celui des mâles pendant deux périodes de quatre années chacune. Il se peut, toutefois, que ce soit là un fait accidentel, car je ne découvre rien de

  1. Social Science Assoc. of Philadelphia, 1874.
  2. Anthropological Review, avril 1870, p. cviii.
  3. Pendant onze années, on a enregistré le nombre des juments qui sont restées stériles ou ont mis bas avant terme : il est digne d’attention de constater que ces animaux, très-soignés et accouplés dans des conditions de consanguinité trop rapprochées, en sont arrivés au point que presque un tiers des juments n’ont point donné de poulains vivants. Ainsi, en 1866, il naquit 809 poulains et 816 pouliches, et 743 juments ne produisirent rien. En 1867, 836 mâles et 902 femelles virent le jour, 794 juments restèrent stériles.