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sur d’innombrables animaux. On peut démontrer, en outre, que les différences entre les races humaines, portant sur la couleur, sur les cheveux, sur la forme des traits, etc., sont de nature telle qu’elles donnent probablement prise à la sélection sexuelle. Mais, pour traiter ce sujet d’une manière convenable, j’ai compris qu’il était nécessaire de passer tout le règne animal en revue ; aussi je lui consacre la seconde partie de cet ouvrage. Je reviendrai alors à l’homme, et, après avoir essayé de prouver jusqu’à quel point l’action de la sélection sexuelle a contribué à le modifier, je terminerai mon ouvrage par un bref résumé des chapitres de cette première partie.




Notes sur les ressemblances et les différences de la structure et du développement du cerveau chez l’homme et chez les singes, par le professeur Huxley F. R. S.


La controverse relative à la nature et à l’étendue des différences de structure du cerveau chez l’homme et chez les singes, controverse qui a commencé il y a environ quinze ans, n’est pas encore terminée, bien que le point sur lequel portait la querelle soit aujourd’hui tout autre qu’il était d’abord. Dans le principe, on a affirmé et réaffirmé avec une insistance singulière que le cerveau de tous les singes, même des plus élevés, diffère de celui de l’homme, en ce qu’il ne possède pas certaines conformations importantes, telles que les lobes postérieurs des hémisphères cérébraux, y compris la corne postérieure du ventricule latéral et l’hippocampus minor que l’on trouve toujours dans ces lobes chez l’homme.

Or, la vérité est que ces trois structures sont aussi bien développées dans le cerveau du singe que dans celui de l’homme, si même elles ne le sont pas mieux ; en outre, il est prouvé aujourd’hui, autant qu’une proposition d’anatomie comparée peut l’être, que le développement complet de ces parties est un caractère absolu de tous les Primates, exception faite des Lémuriens. En effet, tous les anatomistes qui, pendant ces dernières années, se sont occupés particulièrement de la disposition des scissures et des circonvolutions si nombreuses et si complexes qui découpent la surface des hémisphères cérébraux chez l’homme et chez les singes les plus élevés, admettent aujourd’hui que ces conformations sont disposées d’après un même plan chez l’homme et chez les singes. Chaque scissure ou chaque circonvolution principale existant dans le cerveau d’un Chimpanzé, existe aussi dans le cerveau de l’homme, de sorte que la terminologie qui s’applique à l’un, s’applique aussi à l’autre. Sur ce point, il n’y a plus aucune différence d’opinion. Il y a quelques années, le professeur Bischoff a publié un mémoire[1] sur les circonvolutions cérébrales de l’homme et des singes ; or, comme le but que se proposait mon savant collègue n’était certainement pas d’atténuer l’importance des différences qui existent sous ce rapport entre l’homme et les singes, je suis heureux de lui emprunter un passage :

« On doit admettre, car c’est un fait bien connu de tous les anatomistes, que les singes, et surtout l’Orang, le Chimpanzé et le Gorille, se rapprochent beaucoup de l’homme au point de vue de leur organisation, beaucoup plus

  1. Die Grosshirn-Windungen des Menschen, Abhandlungen der K. Bayerischen Akademie, vol. x, 1868.