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dessous des mammifères placentaires. Ils ont apparu à une époque géologique antérieure, et leur distribution était alors beaucoup plus étendue qu’à présent. On admet donc généralement que les Placentaires dérivent des Implacentaires ou Marsupiaux, non pas toutefois de formes identiques à celles qui existent aujourd’hui, mais de leurs ancêtres primitifs. Les Monotrèmes sont clairement voisins des Marsupiaux, et constituent une troisième division encore inférieure dans la grande série des mammifères. Ils ne sont représentés actuellement que par l’Ornithorynque et l’Échidné, deux formes qu’on peut, en toute certitude, considérer comme les restes d’un groupe beaucoup plus considérable autrefois, et qui se sont conservées en Australie grâce à un concours de circonstances favorables. Les Monotrèmes présentent un vif intérêt, en ce qu’ils se rattachent à la classe des reptiles par plusieurs points importants de leur conformation.

En cherchant à retracer la généalogie des mammifères et, par conséquent, celle de l’homme, l’obscurité devient de plus en plus profonde à mesure que nous descendons dans la série ; toutefois, comme l’a fait remarquer un juge très compétent, M. Parker, nous avons tout lieu de croire qu’aucun oiseau ou qu’aucun reptile n’occupe une place dans la ligne directe de descendance.

Quiconque veut se rendre compte de ce que peut un esprit ingénieux, joint à une science profonde, doit consulter les ouvrages du professeur Häckel[1] ; je me bornerai ici à quelques remarques générales. Tous les évolutionnistes admettent que les cinq grandes classes de Vertébrés, à savoir les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Amphibies et les Poissons, descendent d’un même prototype, attendu qu’elles ont, surtout pendant l’état embryonnaire, un grand nombre de caractères communs. La classe des poissons, inférieure à toutes les autres au point de vue de son organisation, a aussi paru la première, ce qui nous autorise à conclure que tous les membres du règne des vertébrés dérivent de quelque animal pisciforme. L’hypothèse que des animaux aussi distincts les uns des autres qu’un singe, un éléphant, un oiseau-mouche, un serpent, une grenouille ou un poisson, etc., peuvent tous descendre des mêmes ancêtres, peut paraître monstrueuse, nous le savons, à

  1. Des tables détaillées se trouvent dans sa Generelle Morphologie (t. II, p. cliii et p. 425), et d’autres, se rattachant plus spécialement à l’homme, dans sa Natürliche Schöpfungsgeschichte, 1868. Le professeur Huxley, analysant ce dernier ouvrage (Academy, 1869, p. 42), dit qu’il considère les lignes de descendance des Vertébrés comme admirablement discutées par Häckel, bien qu’il diffère sur quelques points. Il exprime aussi sa haute estime pour la valeur et la portée générale de l’ouvrage entier et l’esprit qui a présidé à sa rédaction.