ciens Juifs ont aussi employé autrefois ces instruments en silex. On peut donc en conclure que les habitants de ces nombreux pays, qui comprennent presque tout le monde civilisé, ont été autrefois dans un état de barbarie. Croire que l’homme, primitivement civilisé, a ensuite éprouvé, dans tant de régions différentes, une dégradation complète, c’est se faire une pauvre opinion de la nature humaine. Combien n’est-elle pas plus vraie et plus consolante, cette opinion qui veut que le progrès ait été plus général que la rétrogradation ; et qui enseigne que l’homme, parti d’un état inférieur, s’est avancé, à pas lents et interrompus, il est vrai, jusqu’au degré le plus élevé qu’il ait encore atteint en science, en morale et en religion !
CHAPITRE VI
Admettons que la différence entre l’homme et les animaux qui sont le plus voisins de lui, soit, sous le rapport de la conformation corporelle, aussi grande que quelques naturalistes le soutiennent ; admettons aussi, ce qui, d’ailleurs, est évident, que la différence qui sépare l’homme des animaux, sous le rapport des aptitudes mentales, soit immense ; il me semble, cependant, que les faits cités dans les chapitres précédents prouvent de la manière la plus évidente que l’homme descend d’une forme inférieure, bien qu’on n’ait pas encore, jusqu’à présent, découvert les chaînons intermédiaires.
L’homme est sujet à des variations nombreuses, légères et diverses, déterminées par les mêmes causes, réglées et transmises selon les mêmes lois générales que chez les animaux inférieurs. Il s’est multiplié si rapidement qu’il a été nécessairement soumis à la lutte pour l’existence, et, par conséquent, à l’action de la sélection naturelle. Il a engendré des races nombreuses, dont quelques-unes diffèrent assez les unes des autres pour que certains naturalistes les aient considérées comme des espèces distinctes. Le corps de l’homme est construit sur le même plan homologue que celui des