552 | Récapitulation et conclusions. |
moindre supériorité que certains individus, à un âge ou pendant une saison quelconque, peuvent avoir sur ceux avec lesquels ils se trouvent en concurrence, ou toute adaptation plus parfaite aux conditions ambiantes, font, dans le cours des temps, pencher la balance en leur faveur.
Chez les animaux à sexes séparés, on observe, dans la plupart des cas, une lutte entre les mâles pour la possession des femelles, à la suite de laquelle les plus vigoureux, et ceux qui ont eu le plus de succès sous le rapport des conditions d’existence, sont aussi ceux qui, en général, laissent le plus de descendants. Le succès doit cependant dépendre souvent de ce que les mâles possèdent des moyens spéciaux d’attaque ou de défense, ou de plus grands charmes ; car tout avantage, même léger, suffit à leur assurer la victoire.
L’étude de la géologie démontre clairement que tous les pays ont subi de grands changements physiques ; nous pouvons donc supposer que les êtres organisés ont dû, à l’état de nature, varier de la même manière qu’ils l’ont fait à l’état domestique. Or, s’il y a eu la moindre variabilité dans la nature, il serait incroyable que la sélection naturelle n’eût pas joué son rôle. On a souvent soutenu, mais il est impossible de prouver cette assertion, que, à l’état de nature, la somme des variations est rigoureusement limitée. Bien qu’agissant seulement sur les caractères extérieurs, et souvent capricieusement, l’homme peut cependant obtenir en peu de temps de grands résultats chez ses productions domestiques, en accumulant de simples différences individuelles ; or, chacun admet que les espèces présentent des différences de cette nature. Tous les naturalistes reconnaissent qu’outre ces différences, il existe des variétés qu’on considère comme assez distinctes pour être l’objet d’une mention spéciale dans les ouvrages systématiques. On n’a jamais pu établir de distinction bien nette entre les différences individuelles et les variétés peu marquées, ou entre les variétés prononcées, les sous-espèces et les espèces. Sur des continents isolés, ainsi que sur diverses parties d’un même continent séparées par des barrières quelconques, sur les îles écartées, que de formes ne trouve-t-on pas qui sont classées par de savants naturalistes, tantôt comme des variétés, tantôt comme des races géographiques ou des sous-espèces, et enfin, par d’au-