550 | Récapitulation et conclusions. |
plications que l’on peut donner aux objections et aux diverses difficultés qu’on peut soulever contre ma théorie, difficultés dont j’ai moi-même trop longtemps senti tout le poids pour douter de leur importance. Mais il faut noter avec soin que les objections les plus sérieuses se rattachent à des questions sur lesquelles notre ignorance est telle que nous n’en soupçonnons même pas l’étendue. Nous ne connaissons pas toutes les gradations possibles entre les organes les plus simples et les plus parfaits ; nous ne pouvons prétendre connaître tous les moyens divers de distribution qui ont pu agir pendant les longues périodes du passé, ni l’étendue de l’imperfection des documents géologiques. Si sérieuses que soient ces diverses objections, elles ne sont, à mon avis, cependant pas suffisantes pour renverser la théorie de la descendance avec modifications subséquentes.
Examinons maintenant l’autre côté de la question. Nous observons, à l’état domestique, que les changements des conditions d’existence causent, ou tout au moins excitent une variabilité considérable, mais souvent de façon si obscure que nous sommes disposés à regarder les variations comme spontanées. La variabilité obéit à des lois complexes, telles que la corrélation, l’usage et le défaut d’usage, et l’action définie des conditions extérieures. Il est difficile de savoir dans quelle mesure nos productions domestiques ont été modifiées ; mais nous pouvons certainement admettre qu’elles l’ont été beaucoup, et que les modifications restent héréditaires pendant de longues périodes. Aussi longtemps que les conditions extérieures restent les mêmes, nous avons lieu de croire qu’une modification, héréditaire depuis de nombreuses générations, peut continuer à l’être encore pendant un nombre de générations à peu près illimité. D’autre part, nous avons la preuve que, lorsque la variabilité a une fois commencé à se manifester, elle continue d’agir pendant longtemps à l’état domestique, car nous voyons encore occasionnellement des variétés nouvelles apparaître chez nos productions domestiques les plus anciennes.
L’homme n’a aucune influence immédiate sur la production de la variabilité ; il expose seulement, souvent sans dessein, les êtres organisés à de nouvelles conditions d’existence ; la nature