Habitants des îles. | 481 |
contribué à répandre les mêmes formes dans plusieurs parties du monde. Les caractères de la plupart des animaux aveugles qui peuplent les cavernes de l’Amérique et de l’Europe, ainsi que d’autres cas analogues offrent les exemples de l’application du même principe. Lorsque dans deux régions, quelque éloignées qu’elles soient l’une de l’autre, on rencontre beaucoup d’espèces étroitement alliées ou représentatives, on y trouve également quelques espèces identiques ; partout où l’on rencontre beaucoup d’espèces étroitement alliées, on rencontre aussi beaucoup de formes que certains naturalistes classent comme des espèces distinctes et d’autres comme de simples variétés ; ce sont là deux points qui, à mon avis, ne sauraient être contestés ; or, ces formes douteuses nous indiquent les degrés successifs de la marche progressive de la modification.
On peut démontrer d’une manière plus générale le rapport qui existe entre l’énergie et l’étendue des migrations de certaines espèces, soit dans les temps actuels, soit à une époque antérieure, et l’existence d’espèces étroitement alliées sur des points du globe très éloignés les uns des autres. M. Gould m’a fait remarquer, il y a longtemps, que les genres d’oiseaux répandus dans le monde entier comportent beaucoup d’espèces qui ont une distribution très considérable. Je ne mets pas en doute la vérité générale de cette assertion, qu’il serait toutefois difficile de prouver. Les chauves-souris et, à un degré un peu moindre, les félides et les canides nous en offrent chez les mammifères un exemple frappant. La même loi gouverne la distribution des papillons et des coléoptères, ainsi que celle de la plupart des habitants des eaux douces, chez lesquels un grand nombre de genres, appartenant aux classes les plus distinctes, sont répandus dans le monde entier et renferment beaucoup d’espèces présentant également une distribution très étendue. Ce n’est pas que toutes les espèces des genres répandus dans le monde entier, aient toujours une grande distribution ni qu’elles aient même une distribution moyenne très considérable, car cette distribution dépend beaucoup du degré de leurs modifications. Si, par exemple, deux variétés d’une même espèce habitent, l’une l’Amérique, l’autre l’Europe, l’espèce aura une vaste distribution ; mais, si la variation est poussée au point que