CHAPITRE XIII
Distribution géographique (suite).
PRODUCTIONS D’EAU DOUCE.
Les rivières et les lacs étant séparés les uns des autres par des barrières terrestres, on pourrait croire que les productions des eaux douces ne doivent pas se répandre facilement dans une même région et qu’elles ne peuvent jamais s’étendre jusque dans les pays éloignés, la mer constituant une barrière encore plus infranchissable. Toutefois, c’est exactement le contraire qui a lieu. Les espèces d’eau douce appartenant aux classes les plus différentes ont non seulement une distribution étendue, mais des espèces alliées prévalent d’une manière remarquable dans le monde entier. Je me rappelle que, lorsque je recueillis, pour la première fois, les produits des eaux douces du Brésil, je fus frappé de la ressemblance des insectes, des coquillages, etc., que j’y trouvais, avec ceux de l’Angleterre, tandis que les productions terrestres en différaient complètement.
Je crois que, dans la plupart des cas, on peut expliquer cette aptitude inattendue qu’ont les productions d’eau douce à s’étendre beaucoup, par le fait qu’elles se sont adaptées, à leur plus grand avantage, à de courtes et fréquentes migrations d’étang à étang, ou de cours d’eau à cours d’eau, dans les limites de leur propre région ; circonstance dont la conséquence nécessaire a été une grande facilité à la dispersion lointaine. Nous ne pouvons étudier ici que quelques exemples. Les plus difficiles s’observent sans contredit chez les poissons. On croyait autrefois que les mêmes espèces d’eau douce n’existent jamais sur deux